Selon l'O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé), le bégaiement est "une parole caractérisée par une répétition fréquente de sons et de syllabes ou par des hésitations ou pauses fréquentes, pendant au moins 3 mois" et le classe parmi les "troubles émotionnels ou comportementaux".

 

Selon le Ministère français de la Santé, le bégaiement est un "trouble de l'expression verbale affectant le rythme de la parole en présence d'un interlocuteur".

 

Les deux définitions ci-dessus définissent le bégaiement exclusivement par les difficultés visibles qu’il peut entrainer : « répétition fréquente de sons », « pauses fréquentes » ou encore « affectant le rythme de la parole ». Mais aucune d’elles ne mentionnent les difficultés invisibles que peut causer le bégaiement telles que l’isolement, le manque de confiance en soi ou encore le manque d’autonomie au quotidien. C’est pourquoi, je propose ma propre définition du bégaiement.

 

Chaque personne est différente. Chaque environnement est différent. Chaque bégaiement est différent. Cependant, on trouve des caractéristiques communes, plus ou moins importantes chez les personnes qui bégaient. En partant du principe que le bégaiement rend la communication verbale difficile, je propose de classer les raisons de cette difficulté en deux grandes catégories. La première, que j'appelle « les troubles visibles », représente les troubles de l'élocution tels que la répétition de syllabes, de mots, le blocage, la prolongation ou encore l'incapacité à sortir des sons. La deuxième catégorie, que j’appelle « les troubles invisibles », peut rendre le quotidien d'une personne qui bégaie plus difficile. En effet, le manque de confiance en soi, la dévalorisation, la crainte, la peur de parler avec un et/ou plusieurs interlocuteurs sont des sentiments que l’on peut retrouver chez certaines personnes qui bégaient et qui peuvent entrainer une perte d’autonomie et d’indépendance dans diverses activités du quotidien.

 

L’autonomie se définit comme étant la « capacité d’une personne à choisir elle-même les règles de sa conduite, l’orientation de ses actes et les risques qu’elle est prête à courir ». En se basant sur cette définition, il est possible de dire que certaines personnes qui bégaient peuvent ne pas être autonome au quotidien. En effet, lorsqu’une personne qui bégaie choisit ses études et/ou son métier en fonction de son bégaiement, car elle n’aura pas à trop parler par exemple, et non en fonction de ses envies, de ses qualités, elle n’est pas autonome. Lorsqu’une personne qui bégaie n’achète jamais de croissant à la boulangerie, alors qu’elle adore les croissants, par crainte de parler, de bégayer, elle n’est pas autonome. Lorsqu’une personne qui bégaie préfère faire comme les autres et suivre leurs idées par crainte de bégayer en exposant les siennes et ne pas être prise au sérieux, elle n’est pas autonome.

 

L’indépendance se définit comme étant le « fait qu’une personne effectue sans aide les activités principales de la vie courante (qu’elles soient physiques, mentales, sociales ou économiques) ». En se basant sur cette définition, il est possible de dire que certaines personnes qui bégaient peuvent ne pas être indépendante au quotidien. En effet, lorsqu’une personne qui bégaie demande à quelqu’un de parler à sa place par crainte de bégayer pour acheter une place de cinéma, répondre à une question ou demander l’heure par exemple, elle n’est pas indépendante. Lorsqu’une personne qui bégaie privilégie la communication par mail, par SMS, voir évite toutes communications téléphoniques ou discussions orales avec sa famille, ses amis ou au travail par exemple, par peur de bégayer, elle n’est pas indépendante.

 

Enfin, la crainte de parler, la non confiance en soi, la dépendance, le manque d’autonomie, peuvent aboutir à de l'isolement, de la solitude. Eviter les situations nécessitant la parole, privilégier la sécurité (ritualisation du quotidien), fait qu'il est difficile pour certaines personnes qui bégaient de rencontrer de nouvelles personnes.